Yacouba TRAORE

Yacouba TRAORE
Journaliste à la Télévision Nationale du Burkina depuis 1985, concepteur et présentateur sur la même chaîne du magazine télévisuel "ça tourne" consacré au cinéma africain de 1991 à 1996Directeur de la Télévision Nationale du Burkina de 2005 à 2009 et Directeur Général de la Radiodiffusion Télévision du Burkina Faso depuis 2009, je fus également Attaché de Presse à l'Ambassade du Burkina Faso à Paris de 1996 à 2001.
Titulaire d' une Maîtrise en Lettres Modernes Obtenue à l'Université de Ouagadougou en 1985 et d'un DEA en Sciences de l'Information et de la Communication obtenu en 1997 à l'Université de Paris II, Panthéon, Assas et chargé de cours à l'Institut supérieur des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication depuis 2003.

Fespaco, une histoire d'amitié

LE FESPACO, VITRINE DU CINEMA AFRICAIN
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   Nous avons créé le FESPACO, aujourd'hui c'est le FESPACO qui nous porte. Ces propos en eux seuls du réalisateur sénégalais Ousmane SEMBENE résument toute l'importance que revêt aux yeux des cinéastes africains, le Festival du cinéma de Ouagadougou.


     L'histoire de ce festival s"apparente à un conte de fée… une histoire d'amitié relayée par un gouvernement d'abord, une nation ensuite puis, tout un continent. L'idée première est partie d'un cercle d'amis ; des amis qui vont réussir à traduire leur rêve en réalité… A marquer un essai  tel des rugbymen; et un gouvernement qui réussira à transformer l'essai, comme dans un match de rugby

Alimata SALEMBERE

Présidente du comité d'organisation
des premières quinzaines du cinéma 
africain de Ouagadougou

            En 1968, Alimata SALEMBERE était réalisatrice à la section télévisuelle de la RHV, la Radiodiffusion Télévision de Haute Volta ; Claude PRIEUX était le directeur du centre culturel français et tous les deux appartenaient à un groupe d'amis d'une quinzaine de personnes  qui décidèrent de se retrouver pour débattre autour d'une question fondamentale touchant à la survie du cinéma africain : "Pourquoi n'y a-il presque jamais de films africains à l'affiche dans les salles de cinéma de Ouagadougou, alors qu'il existes bel et bien des cinéaste africains disposant de productions qu'ils aimeraient montrer à leurs publics"? Le constat était on ne peut plus inacceptable et sans attendre, il décidèrent de mettre en place un comité informel chargé de veiller à l'organisation d'une semaine du cinéma africain, histoire de permettre aux ouagalais de regarder dans les salles obscures, des réalisations qui s'inspirent de leurs propres réalités. En fait de semaine, il s"agissait plutôt de quinzaine puisque la manifestation occupa deux semaine ; elle se déroula du 1er au 15 février 1969 et permit la projection d'une vingtaine de films dont quatorze, africains. La seconde, organisée aux mêmes dates de l'année suivante suscita encore plus d'engouement tant auprès des cinéastes africains que du public ouagalais et mit à l'écran une quarantaine de films issus de neufs pays africains. Ainsi venait de naître le festival cinématographique de Ouagadougou avec une très forte adhésion populaire.
Claude PRIEUX
Directeur du centre culturel
franco voltaïque en 1969
pionnier du fespaco

     Dans  la foulée de la nationalisation des salles de cinéma en 1970, la manifestation sera récupérée par l'Etat voltaïque qui l'institutionnalisa sous l'appellation de "FESPACO", Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou.

     La première édition du FESPACO se déroula en 1972 et prima "Le Wazzou polygame" du réalisateur nigérien Oumarou GANDA, Etalon de Yennega. A l'origine, le festival était organisé selon une fréquence annuelle et en 1973, la deuxième édition couronna "Les mille et une mains du marocain Souheil Ben BARKA. Mais ce cycle fut perturbé par le conflit frontalier qui opposa la Haute-Volta au  Mali en 1974. Il a fallu attendre jusqu'en 1976 pour que l'Etat se décide enfin à organiser la troisième qui fut remportée par le camerounais Dikongué KPIPA avec "Muna Moto" (L'enfant de l'autre). Les années qui suivirent furent particulièrement éprouvantes pour le pays siège du FESPACO : à ce conflit que d'aucuns qualifièrent de guerre des pauvres succéda une terrible sécheresse qui n'épargna aucun pays du Sahel. C'est du reste cette catastrophe à l'échelle sous-régionale qui suscita la création du SILSS, le Comité Inter Etats de lutte contre la Sécheresse au Sahel dont le Général LAMIZANA, alors président de la Haute Volta fut le premier président en exercice et par conséquent, le premier porte parole. Cette partie de l'Afrique "avait la tête ailleurs" et face à l'urgence alimentaire, les sujets culturels avaient été relégués au second plan et l'Etat voltaïque trouva raisonnable de faire du festival, une manifestation biennale. Finalement, après trois années de disette, la quatrième édition réussit à se tenir en 1976 et récompensa les talents du malien Souleymane CISSE dans "Baara".

     Après près d'un demi-siècle d'existence, le FESPACO apparait comme l'incontournable manifestation du cinéma africain, le rendez-vous de tous les réalisateurs du continent et de sa diaspora qui lorgnent la reconnaissance internationale.